7 rue au Char
14100 Lisieux
Conférencier : Benoît NOËL, Historien de l’art et éditeur.
Sans cesse Edgar Degas se dérobe. En dépit de son œuvre plastique profuse, de ses notes dans ses carnets s’apparentant à un journal, de sa correspondance ou des témoignages de ses proches, l’homme demeure insaisissable. À compter de l’adolescence, il vient régulièrement en Normandie dans les terres ou au bord de la mer.
Au château du Ménil-Hubert-en-Exmes, près de Gacé (Orne), chez ses amis Marguerite et Paul Valpinçon, Edgar Degas (1834-1917) abandonne les sujets antiques pour ceux des chasses à courre et des courses hippiques de Sées et de Nonant-le-Pin. Il peint les dames en toilette, l’œil vissé aux jumelles ; les lads et parfois les jockeys blessés, tétanisés au sol.
Entre Houlgate et Villers-sur-Mer, il exécute, aux côtés de Berthe Morisot, une quarantaine de pastels aux alentours des Vaches Noires, séjourne chez le librettiste Ludovic Halévy à Étretat ou chez le peintre Jacques-Émile Blanche au Bas Fort Blanc de Dieppe.
La continuité de ses recherches en ces territoires opposés tient outre à son souci de restituer le mouvement, à celui de déployer le temps et qui plus est, Normandie oblige, les incessantes variations atmosphériques. Dans ces buts, il découpe par exemple ses cavaliers de premier plan en nette frise qu’il oppose à d’improbables cheminées de fabriques dans les lointains ; il porte sur toile des faux-départs de steeple-chase ou n’hésite pas à figurer des jockeys sous la pluie. Si la nourrice du petit Henri Valpinçon lui donne le sein dans un landau d’un champ de courses, une autre lisse les cheveux d’une petite fille brune sur une plage ocre. Edgar Degas propose même une balade équestre au pied des falaises et une course hippique en front de mer et lorsqu’il peint de jeunes paysannes au bain, au crépuscule, il boucle la boucle, et les donne à voir comme les nubiles spartiates du début de son œuvre peint…